Cet article fait suite au premier où on s’attardait sur le parcours pendant la reconversion.
Si tu ne l’as pas lu, je t’invite à y aller avant d’entamer celui là.
À la fin de l'article précédent, nous étions arrivés à l'étape de la recherche d'emploi. Je vais la détailler encore un peu pour te donner un maximum de conseils afin de favoriser ton employabilité.
Cette étape constitue un filtre beaucoup trop violent pour la plupart des nouveaux arrivants sur le marché.
Pour résumer, tu vas envoyer beaucoup de CV, tu vas montrer ta motivation et ton GitHub regorge déjà de projets intéressants.
Comment décrocher son premier job alors ? Est‑ce qu'avec 100 CV, ça suffit ?
1. Le CV optimal
Dans un premier temps, vérifie que ton CV est ATS‑friendly (j'en parle un peu dans mon premier article). Si il ne passe pas les robots, alors c'est fichu. Personne ne le lira.
Un CV doit être synthétique, explicatif mais pas forcément "beau". Laisse tomber les CVs marketeux à Canva et passe plutôt sous le bon vieux Word ou Google Doc.
En terme de taille, une page maximum pour un junior. Si tu viens de la reconversion, arrête‑ton expérience à ton dernier job.
Les éléments de ton CV doivent être synthétiques, sans logos des langages ou des frameworks, sans jauges de niveau (un jour, j’ai vu “JavaScript 100 %”. Ça n'a aucun sens. Il faut être cohérent avec son niveau et rester humble).
Ne mets que tes expériences réelles. Dire que tu as créé un site fictif pour vendre des gaufres n'a que peu d'intérêt aux yeux d'un recruteur.
Ensuite, concentre‑toi sur les technos que tu "maîtrises " (je mets entre gros guillemets car, en tant que junior, on ne maîtrise rien du tout).
Si tu as appris Node JS et React, alors concentre‑toi dessus. Le marché est déjà assez concurrentiel, ne gaspille pas ton énergie à postuler pour du Vue JS ou du Java.
Accumuler les langages c’est très bien ça montre de la polyvalence et de l'engagement pour le métier mais en tant que Junior ça montrera surtout qu’on pense en savoir assez alors on met tout même ce que l’on ne maîtrise pas.
Alors oui, on est développeur, on est capable d’apprendre n’importe quel langage ou framework. Mais la réalité est là : les recruteurs ne liront même pas ton CV si tu n’es pas opérationnel sur le langage de l’offre en question.
C’est la triste réalité.
Une fois ton CV prêt, il est temps de penser à ta visibilité et au réseautage : On va s'attaquer à LinkedIn qui peut être un allié… ou un piège.
2. Les dérives de LinkedIn
Humm… LinkedIn …
Un premier point sur lequel on peut s'attarder c'est le fameux "intéressé" sous les posts des recruteurs. Gros red flag à l'embauche côté candidat.
J'ouvre LinkedIn, premier post de recrutement, je tombe sur ça :
Ce n'est pas le recruteur qui va venir te contacter alors qu'il a déjà reçu une centaine "d'intéressé" sous son propre post.
Ce que ça traduit : juste le fait que tu ne trouves pas et que tu ne fais pas l'effort d'envoyer un CV personnalisé directement.
Je comprends, je sais que parfois c'est difficile quand on envoie une tonne de CV, au bout d'un moment on est saoulé par la situation, mais ça ne t'aideras pas plus de faire ça.
LinkedIn, c’est le réseau, mais un réseau bien exploité. Le bouche‑à‑oreille, le partage de liens ou de CV en message privé, mais pas juste écrire ça sous un post et attendre le prochain.
En général, le partage d’informations vient au fur et à mesure d’une discussion. La spontanéité de ce réseau nuit souvent à l’expérience du candidat.
C’est malheureux à dire, mais LinkedIn n’est plus pour les développeurs ; c’est pour ceux qui savent communiquer et montrer qu’ils sont meilleurs que les autres. Si tu fais des projets, montre l’avancement, évoque tes problématiques et comment tu as trouvé des solutions, etc. Il faut échanger, pas juste attendre de recevoir. C’est un partage, pas juste une plateforme de recrutement.
3. L'offre d'emploi
On va décrypter les annonces et éviter les pièges pour te faire gagner du temps.
Dans un premier temps sache qu'il y a énormement de fausses annonces qui circulent et servent uniquement à enrichir des CVthèques (pour des buts parfois malsains). Alors évidement qu'il faut postuler, mais sur 100 tentatives, tu auras peut être 10% environ de retour.
Premier point essentiel : n'hésite pas à postuler même sans expérience réelle. Il faut bien commencer quelque part !
Même remarque sur la partie devops. Tu n’en es pas un, alors les annonces demandant de maîtriser Terraform, Ansible ou je ne sais quelle pipeline CI/CD, tente ta chance quand même !
Si tu tombes sur "Junior avec X années d'expérience", considère-le comme un red flag : souvent, ça veut juste dire qu’on ne veut pas payer pour un profil confirmé.
Tu l'auras sûrement remarqué : les offres ne manquent pas… mais beaucoup demandent "Junior avec > 2 ans d'expérience".
Au risque de décevoir le recruteur, un junior avec plus de 2 ans d’expérience, ça s'appelle confirmé… et le salaire n'est pas le même.
Ne te décourage pas si tu n'as pas ces années : ce que le recruteur cherche surtout, ce sont tes projets et ta motivation. Le recruteur cherche toujours le mouton à 5 pattes, mais quand il en trouve un bien à 4 pattes, il va réfléchir.
Autres red flags à surveiller :
- Les avantages du type "5 semaines de congés payés" ou "mutuelle d’entreprise" → c’est juste le minimum légal. Creuse pendant l’entretien pour connaître les vrais avantages.
- La fameuse "entreprise familiale" qui souvent est synonyme de polyvalence forcée pour un salaire limité.
- Et le pompon : la corbeille de fruits et le baby-foot… mais pas le salaire qui va avec (coucou les startups).
Pour le remote (télétravail), la tendance est plutôt à la baisse surtout chez les juniors. Pour un premier job, je n’en ferai pas ma priorité.
4. Tes premiers entretiens
Dans le développement, les entretiens peuvent être… compliqués. Je n'ai jamais vu un autre métier où il faut autant faire ses preuves avant de signer la moindre promesse d’embauche.
Je profite de cet article pour tacler un peu ces processus absurdes, mais je vais tenter de rester au maximum factuel.
Le parcours type d’un entretien
Pour un même poste, tu devras souvent passer au moins 4 entretiens (en moyenne) :
- L’entretien RH : pour vérifier si tu corresponds aux attentes de l’offre.
- Test technique : un coding game, un projet à coder ou une interview technique.
- Entretien post-test : avec CTO ou un Tech-lead.
- Entretien final.
Parfois, l'entretien RH et le test technique sont combinés. Les RHs sont eux aussi polyvalents dans le milieu !
Oui j'ai une dent contre ce genre de processus, parce que je l'ai vécu moi même, mal et ça m'a fait douté pendant longtemps. Ce genre de process ça peut te casser ta motivation mais on y reviendra après, là j'essaye au max de rester factuel.
L'entretien RH c’est juste pour savoir si tu colles aux attentes de l’offre, c’est la base de n’importe quel entretien. Classique on va dire.
Je ne parlerai pas trop de la rémunération ici car ça dépend de ta localisation, du type de poste mais en tant que junior, c'est pour moi minimum 32 - 33K€ brut annuel à l’heure de cet article.
Les différents tests techniques
1. Le coding game
2. Interview technique
-
- Entretien avec un développeur sur une problématique concrète.
- Hyper instructif, tu échanges, tu expliques ton raisonnement, tu apprends.
- Le seul test vraiment valable selon moi.
3. Projet à coder
-
- La boîte te donne un projet à faire chez toi, souvent le week-end, à rendre pour une deadline.
- Résultat, du bénévolat déguisé.
- Imagine tu engages un plombier et tu lui demandes de réparer ta baignoire gratuitement le samedi. Si c'est correct, il viendra faire ton évier le lundi. Absurde, non ? Et pourtant, c'est exactement ce que certains process font subir aux candidats.
Mon expérience personnelle
A mes débuts, j'avais postulé pour un poste PHP / Symfony dans une ESN. La RH m'a juste donné un lien pour un test d’une heure, chronométré. Résultat : je n'ai pas pu finir, j'étais focalisé sur le chrono.
Quand j'ai rendu mon travail, je n'ai jamais eu de retour. Pas d'explication, rien. Et pourtant, aujourd’hui, je suis développeur PHP / Symfony.
Cette expérience m'a appris une chose : ton code n’est pas toi. Un mauvais test technique ne doit jamais te faire douter de tes compétences. Si aucun retour constructif n'est fait, alors oublie ce test. Ne prends en compte les remarques que si elles sont constructives.
Si je devais envoyer un message à mon moi du passé, ce serait celui ci : en tant que junior, tu n'as pas toujours le luxe de refuser un test technique, c'est vrai. Mais tu as le pouvoir de décider comment tu réagis si ça se passe mal.
Chaque entretien est une étape pour progresser. Garde la motivation, montre tes projets, et surtout, ne doute jamais de toi à cause d’un test raté.
Tu as envoyés des CVs, fait quelques tests techniques et tu as réussi à décrocher ton premier job !
Bien joué ! Mais maintenant un dernier obstacle … (pas forcément pour toi mais pour beaucoup ça l'a été).
On va voir à présent quelque chose qui me tient encore une fois à cœur et qui souvent est laissé de côté : le syndrome de l'imposteur.
5. Le syndrome de l’imposteur
Ce syndrome on a tendance à le voir un peu à toutes les sauces, parfois à tord et je pense qu'il faut parler un peu de ça, pour le démystifier et mieux l'aborder.
Je vais m’appuyer abusivement sur l'apparition au Forum PHP de 2021 de l'incroyable Marine Gandy, une développeuse et qui a réussi à me faire prendre conscience de ce syndrome : son intervention ici.
Ce syndrome, c’est important d’en prendre conscience dès le départ. Certains en sont victimes, d'autres non. Pour ceux qui ne le vivent pas, c'est utile de le comprendre afin de soutenir collègues et amis qui pourraient en souffrir ou ne pas en avoir conscience.
Mais qu’est-ce que c’est exactement ?
En résumé : quand quelque chose ne va pas, on se dit que c'est parce qu'on est mauvais, pas assez calé sur la techno, ou qu'on ne mérite pas sa place. C'est la peur de l'échec en somme.
Quand quelque chose réussit, on attribue la réussite à la chance, à un tutoriel trouvé sur Stack Overflow, ou à l'aide des autres. Et avec l'avénement des IA / Agents, c'est encore pire.
En clair : quand ça va mal, c'est de notre faute et quand ça va bien, c'est grâce aux autres ou à la chance.
Tu sens la boucle infernale qui se met en place ?
La reconversion et la légitimité
Pour ceux issus d'une reconversion, c'est encore plus difficile. On a tendance à se comparer à des développeurs sortis d'écoles prestigieuses, comme l'école 42 ou d'autres formations réputées.
À la machine à café, ça parle de C, C++, de side projects sur le week-end… Et toi tu te dis dans ta tête : « Hey ! Moi je fais du PHP, et ce week-end j'ai été à Pairi Daiza… ça compte pas vraiment ... »
Le code c'est cool, mais quand tu n'as pas de side project ultra-tech ou d'exploits impressionnants à montrer, il est facile (à tord !!!) de se sentir illégitime.

Petit rappel important
Se sentir illégitime est normal, surtout en reconversion ou en début de carrière. L'important est de reconnaître ces sentiments, de les remettre en perspective, et de ne pas laisser le syndrome de l'imposteur te freiner dans ton apprentissage ou tes projets.
Le monde de la tech évolue super vite et c'est impossible de tout maitriser !
Comment s’en prémunir ?
Tu crées ton blog 😅
Non plus sérieusement, le meilleur remède à ça, c'est déjà de se dire que si tu as réussi, c'est avant tout grâce à toi et à tes efforts. En parler autour de toi et de ne pas rester seul.
Je peux par contre te donner quelques tips qui pour moi m'ont beaucoup aidés !
La transmission de tes compétences
ça c'est pour moi le meilleur remède.
Je sais que je ne suis pas le meilleur développeur, je sais que mon blog n'est pas parfait, mais c'est le mien et il me plait, je l'améliore au fil du temps et j'aide des personnes avec alors moi ça me vas ! C'est un premier pas vers ma guérison.
Arriver à expliquer un concept ou un bout de code à quelqu'un d'autre et lui faire découvrir un truc, je trouve qu'il n'y a rien de mieux ! Et en plus je fais un heureux en même temps !
Chercher le feedback ou le donner
Quand je participe à une convention tech en ligne ou en présentiel, je vais toujours voir la personne pour la remercier et lui donner mon ressenti. C'est toujours un bel échange qui en résulte (et en plus tu améliores ton réseau !).
Et pour mon blog, j'adore quand je reçois un message privé pour me dire que tel ou tel article l'a aidé à comprendre quelque chose.
Bref, je ne m'y attarde pas plus, si tu veux en savoir plus je ne peux que t'inviter à regarder le talk de Marine qui en parle tellement mieux que moi ! (Syndrome de l’imposteur activé ? 😅 ).
Il faut juste apprendre à vivre avec, il s'atténue au fil du temps mais parfois il refait surface comme un vieux pote qu’on aurait préféré jamais revoir !
Cet article touche à sa fin. C'était dense, chargé en émotions car je me revois dans mes débuts avec mes peurs et mes échecs.
Retiens bien ceci : rien ne doit te faire baisser ton moral, pas même un test technique, encore moins ce fichu syndrome.
Douter, c'est normal ; douter avec raison, c’est mieux.
Alors oui, la recherche d'emploi et l'apprentissage sont difficiles, mais crois en toi ! Et surtout… que la force soit avec toi !

